Tout est parti d’une plainte pour usurpation d’identité. Après plusieurs mois d’enquête, un réseau d’escrocs a été démantelé par la gendarmerie
Avec pour point de départ un nom, qui n’était pas le bon, les gendarmes sont parvenus à mettre au jour une escroquerie à plus de 2 millions d’euros. Durant l’été 2018, un habitant de Saint-Médard-en-Jalles est venu déposer plainte à la brigade locale pour usurpation d’identité.
Son nom avait en effet été utilisé lors de la contraction d’un crédit pour l’achat d’une voiture de sport allemande. Relancé par un organisme de crédit, le Saint-Médardais n’a d’abord pas compris de quoi on lui parlait avant de flairer l’escroquerie. D’une ampleur "industrielle" et d’une complexité au départ insoupçonnée.
Un groupe de travail baptisé "Faudok"
La brigade de recherches de Mérignac a débuté les investigations et, rapidement, a reçu le prompt renfort des gendarmes de la section de recherches de Bordeaux-Bouliac au sein d’un groupe d’enquête, baptisé "Faudok" qui a aussi accueilli des membres du Groupe interministériel de recherches pour l’aspect patrimonial du dossier.
Les enquêteurs n’ont pas tardé à découvrir que la même identité avait été utilisée pour d’autres emprunts visant l’achat de véhicules de sport. Que bien d’autres identités avaient été usurpées. Et que des fausses déclarations d’impôt, faux documents d’identité, fausses factures d’électricité ou de téléphone avaient été fournies à l’appui des demandes de crédit auprès de différents organismes. Une logistique qui a orienté la procédure vers une bande organisée.
Une soixantaine de véhicules
Des concessionnaires de toute la France ont reçu la visite de clients intéressés par ces voitures de luxe, qu’ils ont pu satisfaire et accompagner en toute bonne foi dans la contraction d’un crédit. À chaque fois, les premières traites étaient réglées mais pas les suivantes. Les voitures étaient ensuite revendues sans que les organismes de crédit ne sachent vers qui se retourner puisque des faux documents avaient été utilisés pour obtenir les fonds.
Environ soixante véhicules ont ainsi été acquis frauduleusement dans toute la France, parmi lesquels une Maserati, des Porsche, des Mercedes et camping-cars haut de gamme. Pour un montant estimé à 2 millions d’euros.
Une véritable petite entreprise qui ne pouvait prospérer sans fournisseurs de papiers, livreurs de véhicules, conducteurs, revendeurs, hommes de main pour rendre moins suspects les mouvements bancaires, etc.
Les enquêteurs de la Section de recherches de Bordeaux-Bouliac et de la Brigade de recherches de Mérignac ont dû multiplier les approches. De surveillances en écoutes, de vérifications en recoupements, de reconnaissance sur photos en identification et localisation, ils sont parvenus à mieux cerner l’arnaque et le nombre de personnes y ayant participé.
Dix personnes interpellées
Mardi 16 juin, une vaste opération a mobilisé quelque quatre-vingt-dix gendarmes. Notamment dans le Var, où se cachait le cerveau présumé de la bande organisée. Originaire de Gironde, il vivait sous une fausse identité et faisait visiblement déjà l’objet d’un mandat d’arrêt pour d’autres faits d’escroqueries.
L’opération a également été menée dans les Pyrénées où des armes de poing et d’épaules ont été saisies chez un survivaliste et en Gironde où résident des proches de la tête de réseau. D’où la présence d’une antenne du GIGN, de gendarmes mobiles et du PSPG ( Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie) de Blaye.
Dix personnes dont deux femmes, présumées complices de leurs compagnons, ont été arrêtées et placés en garde à vue. Toutes ont été mises en examen pour escroquerie en bande organisée par le juge d’instruction bordelais en charge de ce dossier d’envergure. Trois escrocs présumés ont été placés en détention provisoire et sept ont été placés sous contrôle judiciaire strict.
Une vingtaine de véhicules a été saisie et près de 300 000 euros ont été saisis sur des comptes bancaires.
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